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Les enjeux scientifiques et sociaux de la Biodiversité

Ce que l'on recherche
|→ On se propose de revoir les bases de la notion de Biodiversité : aux origines du concept, ses définitions multiples et ses menaces.

Le Vivant est foisonnant.

Dès l’Antiquité, sa diversité frappe les esprits et Aristote figure parmi les premiers penseurs à catégoriser les espèces alors connues.

Son « Histoire des animaux » (-343 av. J.-C.) nous est parvenue comme un témoignage naturaliste de l'époque.

Figure n°2
Aristote, 384 av. J.-C.

Ce n’est cependant qu’avec Carl von Linné et son « Systema Naturæ » que naît la première classification scientifique du Vivant.

Mais cette diversité biologique, dont l’évolution incessante fut pensée d'abord par Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829) et Charles Darwin (1809-1882), préoccupe rapidement face à sa fragilité.

Figure n°3
Carl von Linné (1707-1778)

Les menaces pesant sur la biodiversité confrontée à la pression anthropique grandissante poussent à une première prise de conscience ; les premiers espaces naturels sanctuarisés apparaissent dès la seconde moitié du XIXème siècle.

Figure n°4
Monticule de têtes de bisons aux Etats Unis. 1800. Wikimedia Commons

En 1913 a lieu à Berne, la première conférence internationale pour la protection de la nature.

Elle aboutira à la création de l'ancêtre de l'actuelle Union internationale pour la conservation de la nature.

L'U.I.C.N. est notamment connue pour ses listes rouges des espèces menacées.

Figure n°5
Présentation des catégories de l'UICN utilisées à une échelle régionale
(d'après le Guide 2012 et le Guide régional 2012 de l'UICN)

Mais la prise de conscience d’une crise écologique liée aux activités humaines ne débute réellement qu’au tournant des années 1960.

En 1962 paraît le célèbre « Printemps silencieux » de Rachel Carson.

C'est une prise de conscience choc au sein de la communauté scientifique.

Figure n°6
Rachel Carson (1907-1964)

En France à la même époque, Jean Dorst publie « Avant que nature meure » (1965), vibrant plaidoyer en faveur de sa protection.

Cet ornithologue français, directeur du Muséum National d'Histoire Naturelle (1976-1985), consacra sa vie à la préservation de l'environnement.

Figure n°7
Jean Dorst (1924-2001)

En 1968 l’UNESCO lance le programme sur l’Homme et la biosphère.

Les bases scientifiques, sociales et économiques d’une gestion durable de la nature sont posées.

La même année Raymond F. Dasmann (1919-2002) propose le terme de « diversité biologique », suivi en 1980 par Thomas Lovejoy (1941-2021).

La prise de conscience des limites écologiques de la planète éclot peu à peu dans les esprits.

Elle aboutit en 1972 avec le célèbre rapport sur « Les Limites à la croissance » du Club de Rome.

Figure n°8
The limits to growth

En 1985, Michael Soulé popularise la biologie de la conservation.

L’année suivante en 1986, se déroule à Washington le « National Forum on BioDiversity ».

Le terme de biodiversité commence à se répandre au sein de la communauté scientifique.

Puis en 1992, la Convention sur la diversité biologique signée lors du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro reconnaît pour la première fois l’importance de la conservation de la biodiversité pour l’ensemble de l’humanité.

Le terme biodiversité entre dans le langage courant.

Figure n°9
Le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, en 1992

Mais qu'est-ce que la biodiversité ?

En réalité, il faudrait parler de trois grandes biodiversités ; toutes interconnectées et sur lesquelles il est nécessaire de poser une réflexion de conservation.

Figure n°10
Schéma de l'emboîtement des trois grandes biodiversités.

1 - La biodiversité génétique - Elle regroupe l’ensemble des caractères génétiques au sein des populations d’êtres vivants. Nous y retrouvons les disciplines de la biologie et génétique des population, ainsi que la notion de micro-évolution.

En agriculture par exemple, cette biodiversité génétique est primordiale car née d'une sélection artificielle au fil des générations. C'est elle qui regroupe l'ensemble de variétés végétales cultivées et races animales élevées.

2 - La biodiversité spécifique - Elle correspond à l’inventaire de l’ensemble des espèces vivant à la surface de la planète. C’est la plus connue des biodiversités car elle est au cœur de la systématique et repose sur la notion d'espèces pour décrire le Vivant.

3 - La biodiversité écosystémique - Elle inclut l’ensemble de ces unités fondamentales en écologie. Il s’agit autant des biotopes (milieux) que des biocénoses (êtres vivants) qui composent ces cellules fondamentales dynamiques.

Comprendre la biodiversité ne se limite donc pas à la classification du vivant.

Son étude inclue des disciplines aussi vastes que la génétique, la géologie, les biologies animales et végétales, l’écologie, la physico-chimie de l’environnement, la climatologie.

Aujourd'hui, nous traversons une crise de la biodiversité.

Selon l’Observatoire national de la biodiversité, 18% des espèces ont disparu et 78% des habitats sont dans un état de conservation défavorable.

Figure n°11
Prairie de coquelicots et de bleuets

En France, comme partout ailleurs la biodiversité spécifique se dégrade. Et avec elle la résilience de nos écosystèmes.

Nous ne sommes pas épargnés, malgré les efforts de conservation et de gestion durable menés par l'agriculture, les collectivités, les espaces naturels.

Figure n°12
La liste rouge des espèces menacées en France.

En 2019, l'IPBES (La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) a publié un imposant rapport sur l'état mondial de la biodiversité.

Nous savons aujourd'hui que si les menaces sont multifactorielles, elles sont toutes liées à l'impact de nos activités humaines.

La dégradation des milieux est le principal facteur de perte de biodiversité par les activités humaines (30% en facteur global) suivi par la surexploitation (23%), le changement climatique (14%), la pollution / pesticides (14%) et les espèces invasives (11%).

La biodiversité nous rend une multitude de services écosystémiques, dont nous ne pouvons nous passer sous peine d'effondrement de nos sociétés.

|→ Chaque année, le 22 mai, une journée mondiale lui est consacrée afin de rappeler la nécessité de sa préservation et de sa gestion durable !


Capsule vidéo

  • Durée de la vidéo : 8 secondes
  • Date de publication : le 5 octobre 2024
  • Description : annonce « Biodiversité ».
  • Hébergement : la chaîne YouTube KitFlip Svt

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